Ma lettre à ceux qui souffrent d'insomnie

Cher dormeur, dormeuse,

Je sais que vous serez quelque peu dérangé(e) par le fait que je m’adresse à vous en tant que dormeur ou dormeuse. Ce faisant, je risque de vous faire croire que je ne comprends rien à l’enfer que vous vivez. Disons que j’ai suffisamment confiance en moi,  et en vous,  pour savoir que vous retrouverez le sommeil dans un avenir pas si lointain. Je n’ai donc aucun problème à prendre une longueur d’avance.

Sans vouloir vous ennuyer davantage, j’aimerais vous dire que je dors très bien maintenant, mais que cela n’a pas toujours été le cas. Pendant 15 ans, j’ai mené une quête apparemment impossible : comment vaincre l’insomnie chronique. L’insomnie touchait tous les aspects de ma vie. J’étais constamment épuisée, physiquement et mentalement. Par conséquent, je n’arrivais pas à me concentrer et j’étais constamment anxieuse et sur les nerfs. Au fur et à mesure que mon insomnie s’aggravait, j’ai perdu toute confiance en moi et en ma capacité à dormir. J’ai réussi à faire des études et à occuper un emploi, mais je n’ai pas pu mener une vie normale ni travailler correctement. Mon apparence s’est détériorée et je me suis sentie laide à l’intérieur, comme à l’extérieur. Même si je continuais à avancer et à sourire, toute mon existence tournait autour de ma capacité à dormir… ou non. Mes amis et ma famille y parvenaient, alors pourquoi pas moi ? Ils ne pouvaient pas comprendre ou compatir. Je me sentais bien seule.

J’ai consulté certains des médecins du sommeil les plus réputés au monde, avec à chaque fois l’espoir de trouver enfin “le remède”. J’ai passé des nuits dans les cliniques du sommeil des villes où je vivais – Paris, Bruxelles, Osaka. J’ai passé des polysomnographies, des scanners cérébraux, des dizaines de tests psychologiques, pour entendre que la structure de mon sommeil était normale et me voir prescrire tous les médicaments possibles et imaginables : Alprazolam (Xanax), Zolpidem (Ambien), antihistaminiques, antidépresseurs (pour leurs effets hypnotiques secondaires), etc. À un moment donné, on m’a diagnostiqué à tort un trouble déficitaire de l’attention et on m’a dit de prendre les médicaments à base d’amphétamines qui vont avec. Je savais que le médecin se trompait. Enfant, je dormais bien et je fonctionnais normalement. “Comment peut-on être attentif quand on est privé de sommeil ?”, me suis-je demandé. Le médecin a insisté sur le fait qu’il savait mieux que quiconque. Je me suis évanouie plusieurs fois dans les jours qui ont suivi et deux mois plus tard, après avoir perdu 8 kg, j’ai arrêté les médicaments agressifs.

J’ai consulté une trentaine de professionnels de la santé, la plupart bien intentionnés, mais aucun ne comprenait mon insomnie, l’impact qu’elle avait sur mon quotidien ou la psychologie qui la sous-tendait. Plus important encore, ils n’avaient aucune idée de la manière de m’aider. La seule solution que les médecins étaient généralement formés à proposé était un médicament, destiné à un usage à court terme. Beaucoup d’entre nous finissent par les prendre pendant des décennies, s’enfonçant dans une spirale de dépendance qui exacerbe l’insomnie. Cela nous entraîne sur une pente glissante vers d’autres dépendances telles que la nicotine, la caféine, les boissons énergisantes et bien d’autres encore, car nous pensons qu’elles peuvent potentiellement compenser le terrible épuisement. Cependant, ces substances nuisent encore plus à notre sommeil, et nous le savons.

Les médecins généralistes n’ont pas le temps (ni, dans certains cas, l’intérêt ou les connaissances) d’expliquer le fonctionnement du sommeil et de nous fournir les conseils et l’accompagnement dont nous avons besoin. Dans la plupart des programmes des facultés de médecine (qui durent généralement de 7 à 9 ans), les médecins ne reçoivent que quelques heures de formation sur le sommeil. Cette formation est généralement axée sur des problèmes physiques tels que l’apnée du sommeil. Aucun praticien ne m’a expliqué une seule fois le rôle central que joue la lumière dans le cycle veille-sommeil, l’importance de la santé circadienne ou la manière de contrebalancer la réponse au stress dans le système nerveux. Ces connaissances de base de ces trois facteurs sont simples à acquérir et sont fondamentales pour résoudre l’insomnie. À l’école, nous apprenons l’importance de la nutrition et de l’éducation physique, mais nous n’apprenons rien sur le sommeil, qui est sans doute LE pilier fondamental de la santé. Le sommeil est censé arriver tout seul… jusqu’à ce qu’il n’arrive pas.

C’est donc devenu ma mission : éduquer sur le sommeil et guider ceux qui souffrent de l’insomnie afin qu’ils puissent être accompagnés et soutenus, pour éviter un labyrinthe infernal. Heureusement, le traitement de l’insomnie a évolué et certaines nouvelles thérapies structurées donnent de bons résultats dans certains cas, comme la TCC-I (taux de réussite de 70 à 80 %). Mon travail est basé sur l’intégration de techniques issues de cette approche et d’autres, enrichies par mon expérience personnelle et les connaissances que j’ai acquises en aidant d’autres personnes à surmonter l’insomnie. Malheureusement, la grande majorité des médecins ignorent l’existence de la TCC-I et son accès est limité à quelques privilégiés. Demandez à votre médecin généraliste. Il se peut qu’il soupçonne que vous souffrez d’insomnie secondaire, c’est-à-dire d’insomnie associée à une affection physique telle que l’apnée du sommeil ou le syndrome des jambes sans repos, et qu’il vous adresse à un spécialiste de la médecine du sommeil pour qu’il procède à une étude du sommeil.

Ma conviction est que nous avons tous des caractéristiques uniques en matière de sommeil, résultant de la génétique ainsi que de notre environnement social et de nos antécédents culturels. Bien que chaque personne soit différente, les principes fondamentaux du sommeil,

la science et les processus physiologiques sont les mêmes. La bonne nouvelle, c’est que nous sommes tous conçus pour dormir. Une fois que nous avons compris cela, il suffit de trouver ce qui manque dans notre puzzle, pièce par pièce, pour nous réapprendre à dormir.

Au moment où j’écris ces lignes, je sais que je dormirai bien cette nuit et demain aussi, probablement même si je dors sur le canapé d’un ami. Cela fait maintenant plus de cinq ans que je dors bien. Vous vous rendez compte ? Je n’aurais jamais pu l’envisager à l’époque. C’est pourquoi j’ai décidé de consacrer ma vie à contribuer à  l’amélioration de la pédagogie du sommeil, en particulier pour les personnes souffrant d’insomnie. C’est pourquoi je me suis certifiée en tant que somnothérapeute holistique™et somnopédagogue™ à  l’Institut Somna, une première mondiale en matière de thérapie holistique du sommeil, basée au Québec.

Chacun de nous est unique, une seule solution ne convient pas à tous, c’est pourquoi un accompagnement personnalisé est parfois nécessaire. J’ai hâte de vous aider à concevoir votre sommeil pour que vous vous sentiez enfin bien reposé et que vous retrouviez votre vie.

Si vous pensez qu’il est utile de partager cette lettre avec vos amis et votre famille, n’hésitez pas à le faire. Ils pourront ainsi se rendre compte de ce que vous endurez et apprendre à vous comprendre.

Donna Helliwell
Somnothérapeute holistique™et somnopédagogue™